25/04/2011

Mémoires d'une jeune fille rangée


« Etrange certitude que cette richesse que je sens en moi sera reçue, que je dirai des mots qui seront entendus, que cette vie sera une source où d’autres puiseront : certitude d’une vocation… »

Simone de Beauvoir ne pouvait pas être plus proche de la réalité en écrivant ces mots dans son carnet. La preuve est que, bien des années après la publication de ses livres, bien des années après sa mort, elle est toujours lue. Etrange destin que celui de cette petite fille ayant vécu dans le monde de la bourgeoisie, où la jeune femme peut faire des études, mais où elle doit bien vite se ranger dans le mariage, devenir une épouse. Choyée par ses parents, elle se sent très vite unique, et ce n’est pas sans orgueil qu’elle découvre la vie. Elle sait très tôt que le mariage n’est pas pour elle, choquant son milieu, et ses parents. Dans cette ouvrage, Simone de Beauvoir explique comment elle du surmonter les épreuves, les pièges que lui tendait son milieu. S’affirmer ne fut pas facile. On ne peut lire ce livre sans ressentir un minimum d’admiration pour cette femme. Mais ce qui est plus surprenant encore, c’est de se rendre compte qu’aujourd’hui, on puisse encore se poser les mêmes questions qu’elle. Se sentir proche de Simone de Beauvoir, voilà qui rend la lecture tout à fait exceptionelle. Je crois bien ne pas avoir ressenti cela depuis la lecture de Du côté de chez Swann, de Marcel Proust. Cette envie de dévorer le livre, de ne jamais s’arrêter, et pourtant craindre d’arriver à la fin. La vie de Beauvoir se lit comme un roman, tant elle fut incroyable, pleine de rebondissements. Et par delà sa vie extraordinaire, par delà son travail en philosophie, ses études, ses relations, par-dessus-tout, son écriture à elle seule donne envie de tourner les pages sans s’arrêter. Je crois bien ne plus avoir connu de tels sentiments lors d’une lecture depuis longtemps. Il y a cette envie maintenant de lire tous ses ouvrages, de me plonger durant des heures dans son œuvre. Le Castor savait qu’elle aurait une vie hors du commun, elle savait qu’elle avait du talent, qu’elle serait lue. Un brin orgueilleuse, parfois. Mais elle avait raison, elle touchait à la vérité. Simone de Beauvoir est exceptionnelle. Il n’y avait aucun mal à ce qu’elle le sache, et à ce qu’elle le dise. 

17/04/2011

Babbitt de Sinclair Lewis

Babbitt, le nom même du personnage est grotesque. Pourtant, au début du roman, il semble mener une vie agréable, avec sa femme et ses enfants, dans un cadre idyllique : le tableau même de la famille moyenne au Etats-Unis du siècle dernier. C’est avec une plume délicieusement caustique que Lewis retourne le tableau pour montrer au lecteur les rouages d’une société où la normalité dirige la vie de tous. Quelle normalité ? Ne pas avoir ses propres idées, ou, si elles sont différentes, ne pas le dire. L’importance des groupes et des clubs se fait également ressentir lors de la lecture. L’individu est moins important que ces groupes. Il faut absolument faire partie d’un club. Peu à peu, l’existence à priori idyllique de Babbitt se renverse et le lecteur peut en apercevoir la réalité. On se prend de compassion pour lui lorsqu’il essaie d’échapper à ce monde, lorsqu’il essaie de devenir quelqu’un d’autre. On pense qu’il a compris, qu’il fait preuve d’une sagacité plus évoluée que celle des autres. Mais la fin laisse supposer que, si l’on pensait ainsi, on se trompait. Babbitt est comme tout le monde dans cette société qui prônera bientôt la consommation. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman, pour l’histoire qu’il proposait, mais aussi et surtout pour l’ironie mordante de l’auteur, pour les situations comiques qu’il proposait, pour ses descriptions savoureuses. Une chose est sûre, monsieur Lewis n’a pas volé son Prix Nobel de Littérature !

Je remercie Le Livre de Poche et Blog o Book pour  m'avoir fait découvrir ce livre, et je présente mes excuses pour le retard (je suis impardonnable). Je pensais pouvoir gérer mon temps, et j'ai échoué. Je suis sincèrement désolée !